Chère lectrice, cher lecteur, cher tout court,
ULTRAS
Le mot évoque des hordes braillantes et parfois batailleuses de supporters échauffés, prompts à réclamer la liberté dans les kops des stades de foot. GG a ses Magics, ses Greens, Lyon ses Bad Gones, Bordeaux ses Ultras Marine, l'OM ses Yankees et ses Dodgers, etc...
L'ACSM a ses ULTRAS
Tout le contraire des fans de foot, ils ne réclament pas la liberté, ils la prennent. La liberté de courir sans fin, de boire jusqu'à plus soif l'air des bois, des montagnes et les silences de la nature. Au lieu de gueuler hargneusement on les entend respirer harmonieusement.
On les entend ? Pas vraiment. On pourrait les entendre, à condition de pouvoir les suivre sur les chemins de la sueur ... Quelquefois on entend parler d'eux. Mais c'est rare.
Que font-ils à leurs adversaires ?
Ils ne les insultent pas. Ils les encouragent, les accompagnent dans l'effort. Après la compèt' ils ne rêvent pas de revanche mais de retrouvailles. Ils ne rétribuent pas d'agents pour faire augmenter leurs primes.
Que gagnent-ils ?
Ils paient pour se défoncer, de la bonne défonce. Ils prennent leur pied sans fumer, ou alors s'il y a de la fumée, c'est leur transpiration qui s'évapore. Drogués, ils sniffent l'oxygène des forêts, s'auto-shootent aux endomorphines, hormones du bonheur chez le coureur à pied.
Qui fait partie de leurs groupes ?
Ils ne sont pas adulés ou insultés par des milliers de tifosi. Les encouragements de leurs compagnons ou compagnes, de leurs enfants, de quelques copains et de rares spectateurs anonymes sont leur félicité, une poignée de main sincère, une accolade fraternelle, un regard complice, leur Graal. Leurs groupies les suivent en petit comités d'accompagnants aussi "encourageurs" que dévoués.
Bon, cher lectrice, cher lecteur, cher tout court,
Nos Ultras, tu les connais
Et si tu ne les as pas reconnus, il faut que je te lâche le morceau. Ce sont les ultra-fondeurs, complètement fondus, useurs pas possibles de godasses techniques et onéreuses, affutés comme des lames de patins à glace, malades de grandes distances, saouls de peine et de fatigue, ivres d'un bonheur auquel seuls accèdent.
À l'ACSM on en a repéré quelques cas
Deux exemples parmi ces grands malades :
Nelly Zotos Soulas 1ère vétérane et 1ère Française des 80 Km du Mont Blanc (82 bornes, 6000 mètres de dénivelée + - ) 17H 21mn 12 sec. Un parcours de rêve pour les amoureux de montagne, qui peut se transformer en cauchemar.
Pour Nelly, tout était optimum jusqu'au Km25.
Avait-elle la tête dans les nuages ? C'est possible. Dans la descente de a Tête au vent (2100 m d'altitude) Nelly qui court avec deux bâtons a trébuché. Souffle coupé, elle a repris ses esprits et la course en s'accrochant jusqu'au bout .
Depuis, suite à une blessure consécutive à une chute en réparant un toit Nelly s'est blessée aux ligaments croisés. Calmée ? Pas du tout. Elle prépare le Belfort Trail, une "bricole" de 55 Km, 3000 m de dénivelée dont la célèbre Planche des Belles Filles. Un parcours fait pour elle, tu t'en doutes. J'aurai l'occasion de t'en reparler.
Deuxième fondu qui va bien avec la première nommée : Philippe Zotos.
Le 28 août il a pris le départ de l'UTMB, l'Ultra Trail du Mont Blanc. Environ 170km (environ, parce qu'à ce point, ils n'en sont pas à un Km près !) pour environ 10 000 mètres (là non plus ils ne comptent guère) de dénivelée positive, au départ de Chamonix, en semi-autonomie et en 46 heures maximum.
Au 15e Km une couture de sa chaussure gauche, une Speed Cross de Salomon avec 300 bornes dans les semelles, éclate, et pas de rire, ce qui n'a pas fait marrer Philippe. C'était pas le pied, surtout dans les descentes. Inflammation du capiton plantaire. Bon, Philippe est bien placé pour connaître les risques et les conséquences de la blessure. Sachant que quelqu'un l'attendait au 30e Km, il a tenu jusque là espérant changer de godasses. Pas de bol, ou plutôt pas de chaussures. Que croyez-vous qu'il fit ?
Il a continué, en levant le pied (façon de dire car il fallait bien lever les deux quand même) jusqu'à l'arrivée. Vaincu par le sommeil, il s'est endormi dans les bras de (Nelly, ne lis pas !)... Morphée pour deux à trois heures.
Et il est reparti jusqu'à l'arrivée.
D'autres photos (prononcer photosse) de Zotos , c'est pour bientôsse
Bon, je n'ai pour le moment qu'une photo de Philippe, en compagnie de Franck ce soir au Mazel. Mais promis, Chère lectrice, cher lecteur, cher tout court, tu le reverras. Certainement en compagnie de Nelly, quand j'aurai réussi à les attraper tous les deux ensemble. Croyez-moi, c'est plus duraille que la chasse aux papillons. Ici, je travaille sans filet. Il faut me faut plutôt filer. Et pour ça, je manque sérieusement d'entraînement.
Allez, Chère lectrice, cher lecteur, cher tout court, tu peux finir ta journée, ou la commencer ou en faire ce que tu veux. Je te rends à tes baskets chéries.
Des photos ici