Une fois par mois les demi-fondeurs font à fond une série de montées dans la rue du calvaire. Il faut habiter là ou être coureur à pied pour fréquenter des lieux pareils. D'ailleurs, un panneau le précise : c'est réservé aux riverains. Il a juste oublié les athlètes.

Eux, les mordus de la piste, ils avalent ça à vitesse impressionnante. Des vrais morfals. Le plus gourmand, c'est William : comme il est espoir, il se gave d'un bloc de 10 avec récup' en marche à la descente. Les cadets se boulottent un bloc de huit. Les filles, plus gastronomes, dégustent en deux fois quatre. Moins bourratifs que des blocs de foie d'oie mais sûrement plus résistants ces fameux blocs, une spécialité à Franck qui mitonne des séances bien gratinées. Je vous garantis, mes canards, qu'à ce régime y aurait de quoi en étouffer plus d'un. Ils résistent nos athlètes, parfois ils rosissent, mais ils ne lâchent rien. Ils assument jusqu'au bout ce travail de puissance, vitesse, renforcement musculaire. On entend Franck, quand il a retrouvé son souffle, parce qu'il déguste lui aussi, on l'entend encourager sa troupe quand l'effort commence à vriller mollets et quadriceps : "Allez ! c'est l'avant-dernière." Encore une montée pour Papa Franck, et vous y êtes. On sent bien ici l'esprit collectif, la vie de groupe et de partage de l'effort. D'ailleurs, tous courent le même temps. Y en a pas un qui prend une part plus grosse que sa voisine ou son voisin.

À force de monter la rue du calvaire à fond, les coureurs de demi-fond sont sûrs d'atteindre le paradis des athlètes : ici-bas et sur piste, leur éden, c'est une amélioration sensible de leurs chronos.

Bon, après une grosse séance de côte, certains se tiennent les côtes. Ils sont à plat. C'est bien normal.