Samedi matin : coups de fils sur les portables des Nordiques : part on, oui ou non parce qu'il risque de pleuvoir ?

Le rendez-vous avait été fixé aux étangs de Bas-en-Basset.

" Qu'il pleuve ou non, dit Mélanie, on s'en fiche, on sort quand même. "

Tout le monde donne raison à Mélanie, mais certains ont trouvé qu'il pleuvait vraiment beaucoup à Bas. La douche, quoi.

Alors, décision est prise de se retrouver tous au Mazel puisqu'à Monistrol il ne pleut pas. Effet séparatif bien connu du fleuve. Rive gauche on se fait trois bises, rive droite deux. Rive gauche il pleut, rive droite jardiniers et agriculteurs espèrent l'eau.

Alors, direction Trevas. Une vingtaine d'exfiltrés de Bas sont remontés pour bénéficier de l'asile météorologique.

Comme le dit si bien le dicton local, quand il pleut sur Bas c'est à Trevas qu'il ne pleut pas.

Mais un quart d'heure plus tard, le dicton ne tient plus.

" On a pris la même douche qu'à Bas " rit Mélanie, on a été aussi trempés qu'eux. Une fois lancé, on transpire, on n'a pas froid. Tout va bien.".

1H45 de marche presque en permanence sous la pluie.

"  À certains moments, c'était la grosse douche, à d'autre des gouttelettes. On était vraiment, vraiment trempés. Quand j'ai enlevé mon pantalon pour le mettre à sécher, il gouttait, c'est rigolo. Bon, ça n'a fait de mal à personne " conclut la monitrice.

Pendant certains moments de grosse grosse douche, le groupe s'est abrité sous des arbres et en a profité pour faire du renforcement musculaire.

Ils ont fait du ski, de la descente, avec des virages et des sauts.  Autre position, mettre les bâtons en arrière et faire comme si l'on était assis.

Ça travaille les bras, les cuisses, les abdos.

" C'est un peu comme si l'on s'asseyait sans avoir le siège sous les fesses " résume Mélanie.

À retenir pour ceux qui partent en pique-nique ou à la pêche sans leur pliant : ça peut les dépanner.

En dessous du Cros, les pieds déjà mouillés, Mélanie s'est dispensée de traverser sur la passerelle. Elle a franchi la rivière direct. La majorité a suivi le conseil de Tonton Georges :  Il suffit de passer le pont 

Mélanie s'est rangée à la philosophie du Sétois à la deuxième rivière.

Faute de photos de l'expédition, en voici deux empruntées au site

La Chrysalide

La pluie et les tyrans

 Je vois tomber la pluie
Dont les flaques font luire
Notre grave planète,
La pluie qui tombe nette
Comme du temps d’Homère
Et du temps de Villon
Sur l’enfant et sa mère
Et le dos des moutons,
La pluie qui se répète
Mais ne peut attendrir
La dureté de tête
Ni le cœur des tyrans
Ni les favoriser
D'un juste étonnement,
Une petite pluie
Qui tombe sur l'Europe
Mettant tous les vivants
Dans la même enveloppe
Malgré l’infanterie
Qui charge ses fusils
Et malgré les journaux
Qui nous font des signaux,
Une petite pluie
Qui mouille les drapeaux.

                 Jules Supervielle

 La goutte de pluie

Je cherche une goutte de pluie
Qui vient de tomber dans la mer.
Dans sa rapide verticale
Elle luisait plus que les autres
Car seule entre les autres gouttes
Elle eut la force de comprendre
Que, très douce dans l’eau salée,
Elle allait se perdre à jamais.
Alors je cherche dans la mer
Et sur les vagues, alertées,
Je cherche pour faire plaisir
À ce fragile souvenir
Dont je suis seul dépositaire.
Mais j’ai beau faire, il est des choses
Où Dieu même ne peut plus rien
Malgré sa bonne volonté
Et l’assistance sans paroles
Du ciel, des vagues et de l’air.

                        Jules Supervielle