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Stéphane a parié avec Clémence qu'elle serait meilleure sur 400 mètres que sur les autres distances.
Dimanche à la Halle Diagana, histoire de contrarier son entraîneur, elle a commencé par battre son record personnel sur 60 mètres ( 8"90 soit 12 points à la table de cotation FFA )
puis a couru le 200 mètres en 29"64 ( 11 points ) et le 400 m en 68"92 ( 11 points ). Pour atteindre 12 points, Clémence devra courir le 400 m en 67"94. Et pour donner raison à son entraîneur en 66"64.
Autre pronostic de Stéphane, Romain chronométré en 56"77 sur 400 mètres a le potentiel de 54"50.
Les paris sont ouverts pour une saison déjà passionnante dès le premier meeting.
À son premier 60 m de la saison, Mattéo, cadet 1ère année a fait un 60 mètres en 8"20 ( 8 points ). Il n'était pas vraiment satisfait de sa course.
" J'ai paniqué. Je ne pensais à rien " a-t-il réagi à l'arrivée.
" Il est resté en cycle arrière " a diagnostiqué l'entraîneur qui tempérait
" C'est la première compétition, il faut se mettre dans le bain. "
Cycle arrière ? Bizarre pour un coureur à pied. Tu es sûr Stéphane de l'avoir vu à vélo ?
" Le cycle arrière, explique Stéphane, c'est quand, pendant la course, le corps est penché au lieu que le bassin bascule en rétroversion. Les fesses ne doivent pas rester en arrière. "
À la 2ème tentative, Mattéo a appliqué la consigne : 8"11 ( 10 points ).
Réflexion entendue d'une athlète monistrolienne :
" Je me motive comme je peux avant le 400 mètres. Mais j'ai du mal. "
Alors,
Chère lectrice, cher lecteur, cher tout court,
Il se peut que tu te dises " 400 mètres, c'est quand même pas bien long, une poignée de dizaines de secondes. Il n'y a pas de quoi paniquer. "
Peut-être même que tu fais des footings de plusieurs kilomètres et que tu crois que moins d'un demi kilomètre, c'est pas grand chose, même pas le temps de s'échauffer. Erreur, 400 mètres, ça n'échauffe pas, ça brûle. Tu arrives complètement cramé.
Dans l'hypothèse où tu n'aurais jamais couru, ou en tout cas jamais le 400 m, voici un petit mode d'emploi à ton usage.
400 mètres, c'est peu, en apparence. Pourtant c'est une
des épreuves les plus dures. Petit rappel élémentaire, 400 mètres, c'est quatre
fois 100 mètres.
Gare à toi
Si par malheur, dans l'effervescence de la compétition, décuplée par l'envie de bien faire, pimentée d'un peu d'appréhension sous le pistolet du starter et les ordres du juge de départ, tu gicles comme une balle des starting-blocks, gare à toi.
Sur le revêtement d'élastomère, le premier 100 mètres, tu
ne le vois pas passer. C'est un peu comme si tu le parcourais sur un tapis
roulant, sans effort, presque en songe. Au deuxième 100 mètres tu commences à
sentir que tu touches terre. Quand arrive
le 3ème 100 mètres, tu commences à tirer méchamment sur tes bras et lancer tes pieds en avant comme pour obliger
les jambes à suivre et à tourner la tête dans tous les sens.
La piste ralentis sous toi
Pendant le dernier de ces quatre mousquetaires égaux sur le papier mais pas sur la piste, tu clapotes librement dans l'acide lactique. Tu aperçois au loin la ligne d'arrivée. Tu ne sais pas trop si c'est un rêve, un cauchemar ou la réalité. Tu as plutôt l'impression que les métreurs t'ont leurré, que la fin nen finit pas, qu'il te reste un kilomètre. S'il fait un peu frais, les poumons te brûlent, ta gorge s'enflamme et l'air te semble rare. Tes muscles sont devenus aussi durs que du bois. Tes bras se raidissent. Tu tires dessus autant que tu peux, ils vont se gripper. La piste ralentis sous toi, elle va se bloquer.
Si tu n'as pas une idée claire de l'éternité, voilà ce qu'il te faut faire : trois 100 mètres à fond et un quatrième à bloc. Là tu commenceras à piger et à te convaincre qu'en effet, c'est un peu long.
Dimanche à Lyon, six filles et trois garçons, ont " avalé " un 400 mètres, certain(e)s après deux 60 m et un 200 m. Ensuite elles et ils ont trouvé les ressources pour le relais 4 x 200 mètres.
Après tout, au total, ça ne fait même pas un kilomètre dans la journée, calculerait un arithméticien.
Certes,
Chère lectrice, cher lecteur, cher tout court,
mais le courage, celui qui domine les craintes, et la ténacité, celle qui apporte un jour les progrès, ne se mesurent guère aux tables de l'arithmétique.
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