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Les choses sont rentrées dans l'ordre, les bipèdes ont rendu aux quadrupèdes ce qui leur appartient, les crossmen ont restitué leur domaine aux équins. Juste avant, deux jours durant, dans la ville qui pétille, aux portes de Saint-Etienne, une fin de semaine où des Verts sans ressort ont laissé des Normands de Caen envahir leur camp et transpercer leurs filets à Geoffroy-Guichard, notre sport l'athlétisme a vécu une fête, le championnat de France de cross-country.
La fête. À qui la fête au fait ?
À toi, gracile et gentille dame blonde qui t'es offert un titre national le jour de ton anniversaire, remerciant au passage les bénévoles pour leur accueil,
À toi, bénévole anonyme planté au rond-point de la source dès potron-minet quand il gelait sur les bords de la Coise,
À toi employé municipal et à tes collègues qui ont bossé une grande semaine pour préparer l'hippodrome et ensuite tout remballer,
À toi spectateur étonné, la tête tournée vers l'écran géant de 60 m² où filent les coureurs en gros plan,
À toi le concurrent qui a perdu une godasse et que l'on voit continuer, imperturbable, claudiquant sur un pied couleur charbon,
À toi, dirigeant cadre de la FFA expatrié une semaine de Paris, sans cesse disponible et agréable sur le terrain,
À toi et à toi, anciens champions, responsables des parcours tracés pour la compétition,
À toi, la maman qui a laissé mari et enfants samedi et dimanche après une semaine de turbin et d'occupations familiales pour tenir une buvette, distribuer inlassablement tenues et paroles accueillantes ou remettre des dossards,
A toi public cavalant d'un virage à un poste stratégique auprès des deux troncs d'arbre, obstacles uniques sur ce parcours hippique,
À toi, accompagnateur au visage réjoui, l'œil étincelant, la moustache en bataille, ton sobriquet imprimé sur le maillot,
À toi, retraité de l'athlé arrivé dès le lundi pour planter des pieux, attacher des kilomètres de ficelle, et dresser des filets orange à perte de vue,
À toi organisateur des Mondiaux 2005, qui t'es inséré sans barguigner parmi la troupe des petites mains,
À toi, cadet(te) monistrolien(ne) observateur attentif grisé par l'ambiance,
À toi coach, dévoué à ton athlète, attentif à son bien-être,
À toi l'ancien boulanger qui ne laisse pas ses copains organisateurs dans le pétrin,
À toi, le conseiller des athlètes, engagé depuis des mois dans une course chronométrée pour que tout fonctionne au jour J, toi que l'inquiétude a rongé des jours et des nuits, et
À toi son épouse sur qui ont transpiré doutes et tourments,
À toi président de l'organisation qui a souffert en souriant jusqu'au terme de ce marathon organisationnel couru à l'allure d'un sprint,
À toi Senior vainqueur du cross court le visage ravagé par l'effort que tu t'es imposé pour cueillir tes lauriers,
À toi, triple champion ravi et décontracté dans la terrible ligne droite d'arrivée,
À toi coureur sans palmarès, coéquipier de secours de ton équipe qualifiée qui as dû supporter l'humiliation de te faire doubler,
À toi le champion, qui l'a encouragé d'une tape sur l'épaule au passage,
À toi, ancien recordman du monde, jamais décroché des courses, venu en voisin retrouver mille connaissances,
À toi Vétéran ou Master, comme on voudra, empêtré dans une furieuse cohorte qui t'a aggloméré tant bien que mal et t'a charrié autant qu'un galet dans le torrent, perclus et heureux,
À toi le cadet tombé d'une traîtresse glissade, quand visage ensanglanté, cou et torse carminés de pouzzolane, tu t'es arraché les tripes à gerber pour gravir la deuxième marche du podium,
À toi, précurseur de la course hors stade, inventeur et organisateur de Marvejols-Mende, qui t'es glissé sans rien dire parmi les spectateurs admiratifs des efforts gratuits consentis sur le circuit,
À toi fluette jeune fille étendue sur la civière, grelottante et souffrante sous une couverture de survie dorée,
À toi travailleur de l'ombre, scotché au parking pour faire garer les voitures des visiteurs : tu n'as rien vu des compétitions,
À toi jeune coureur au maillot pomme et la tête peinte de la même teinte,
À toi, challenger de personne sauf de toi-même, et à la ténacité qu'il t'a fallu pour vaincre, à bout de forces, l'interminable ligne droite finale,
À toi, vieux copain de cross et de tours de pistes, perdu de vue depuis vingt ans, mordu à vie, retrouvé la passion intacte après deux décennies,
À nous...
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