Large vainqueur en un temps record au trail du Mézenc le 15 août, Anthony Cottier raconte sa course. S'il se sent gêné par les commentaires dithyrambiques qui qualifient ses résultats, il reconnait cependant qu'il ne s'est pas ménagé sur les 31 Km et 1200 m de dénivelé bien qu'il apparaisse très frais sur la ligne d'arrivée. Il explique pourquoi.

Tu as couru selon ta tactique habituelle, c'est-à-dire seul en tête sans t'occuper du reste ?

" Non pas vraiment. Je ne suis pas parti devant dès le départ. Il y avait un gars que je ne connaissais pas, un Ardéchois d'origine marocaine, Jaouad Zeroual qui n'est pas mauvais visiblement. L'an dernier il avait été disqualifié sur le même parcours parce qu'il s'était perdu. Il avait loupé un morceau du circuit et il était en tête l'année dernière. Donc c'est quand même un bon. Cette année il est revenu. Il voulait essayer de faire quelque chose de bien et il est parti devant dès le départ. Ne le connaissant pas, je n'ai pas trop voulu le laisser partir et l'on s'est retrouvés tous les deux assez rapidement.

La course démarre en côte depuis la place du village

Elle remonte les pistes de ski en direction du Mont Alambre soit 2,5 Km de montée. Du coup nous sommes passés au sommet de la bosse tous les deux ensemble et derrière ce n'était pas tellement loin à ce moment là. Un petit écart s'était creusé mais pas très important. On a fait la montée plus ou moins ensemble ( NDLR Anthony Cottier et Jaouad Zeroual ) et après on a couru ensemble jusqu'à peu près au 12ème kilomètre. Je le côtoyais, mais là c'était un peu plus technique, il y avait moins de grands chemins, c'était plus du sentier dans les bois avec des racines, etc. C'est là que j'ai pu faire la différence. Et je suis resté en tête jusqu'à la fin. Je n'ai fait qu'accentuer un peu l'avance.  "

Le Mézenc, ce ne sont que 30 Km

Anthony tient des propos modestes car il arrive avec 13'45 d'avance sur Jaouad Zeroual. Il l'a donc devancé de 41 secondes au kilomètre pendant les deux 20 derniers kilomètres de la course. Plus qu'une différence de chrono, une différence de classe.

Jaouad Zeroual du Team New Balance a terminé 2ème de la 6000 D en 6H15'49 à 4'46 du 1er. Dénommée la course des géants, la 6000D, 65 Km, D+ 3500 mètres, se déroule à La Plagne fin juillet. 1163 trailers ont passé la ligne d'arrivée en 2017.

Pour Anthony, " Le Mézenc, ce ne sont que 30 Km, ce n'est pas très très long. Le dénivelé est de 1200 mètres. Ça reste dans la moyenne. C'est raisonnable. "

En 2015 Anthony avait parcouru le trail du Mézenc en 2H26'53. Le circuit n'était pas tout à fait le même, un Km de moins, mais surtout des portions de route ont été supprimées.

" J'ai préféré cette année à la 1ère édition. Le parcours était plus sympa. J'ai peut-être un peu progressé, mais pas tant que ça, juge Anthony. Par rapport à 2015, j'ai peut-être un peu progressé, mais pas tant que ça parce que j'avais mis 2H26 et cette année 2H22. La différence n'est pas non plus énorme. "

En chiffres, 2H26'53 pour 30 Km en 2015 font 4'48 au Km tandis que 2H22'44 pour 31 Km valent 4'36 au Km. 12 secondes par Km, ce n'est pas rien ! Ce qui représente 6 minutes sur 30 Km.

Je me suis quand même rentré dedans

Anthony reconnait qu'il n'a pas trop ménagé ses efforts, même si sur la ligne il paraissait bien frais.

" Je me suis quand même rentré dedans. Je n'ai pas voulu me ménager. J'ai voulu faire un entraînement un peu en vitesse, un peu dans le dur. J'ai fait le maxi.

Je n'ai pas eu mal aux jambes. La course se termine par l'ascension du Mézenc puis la descente jusqu'à l'arrivée. Une fois passé le sommet, ça descend jusqu'à l'arrivée. Le circuit fait la boucle et l'on croise les poursuivants car une portion est commune entre ceux qui montent et ceux qui descendent. Quand j'ai commencé la descente, celui qui se trouvait derrière moi n'avait pas attaqué la montée, je ne l'ai pas croisé. Donc j'ai vu que j'avais quand même une grosse avance ce qui m'a permis de relâcher un peu dans la dernière descente. C'est peut-être pour ça qu'à la fin je n'ai pas l'air trop éprouvé, la descente m'a permis de récupérer un peu sur les derniers Km. "

Quand on évoque le record amélioré par rapport à l'édition 2016 qui a eu lieu sur le même parcours que 2016, Anthony minimise :

" L'an dernier, Gilles Guichard et Patrick Bringer ont fait la course ensemble. Je ne pense pas qu'ils se soient tiré la bourre tout le long. Ils terminent la main dans la main... Ça me gêne un peu quand je vois les commentaires qui disent que j'ai battu le record, qui parlent d'exploit, etc. L'année dernière, je ne pense pas qu'ils avaient fait la course à fond. "

Néanmoins, pour un e course, le record reste le meilleur temps, quelles que soient les circonstances. Cette année Gilles Guichard prend une belle 6ème place mais à 21 minutes d'Anthony Cottier.

Objectif : La Diagonale des fous à La Réunion le 20 octobre

À court terme, Anthony n'a pas prévu d'autres courses.

" Mon année est orientée vers le grand raid de La Réunion, la Diagonale des fous ( NDLR : 165 Km )  le 20 Octobre. C'est l'objectif de l'année.

 Je me suis déjà pas mal préparé. Il y a quelques temps, j'ai participé à une course dans le Beaufortin et j'ai passé pas mal de week-ends en entraînement en montagne pour faire du dénivelé. J'ai beaucoup travaillé en montagne. Je n'ai pas trop fait de courses dans le secteur. J'ai plus fait des courses et de la préparation dénivelé en montagne. Fin juillet, j'ai couru l'Ultra Tour du Beaufortain. C'est la traversée du Beaufortain qui part au dessus d'Albertville vers Arèches-Beaufort. J'ai fait cette course là, 105 Km et 6400 m de dénivelé. J'ai terminé 2ème ( NDLR : 2ème sur 525 en 14H23'20. Classement ICI ). Ça s'est bien passé aussi. classement    

D'ici la Diagonale des Fous je vais m'entraîner et j'aimerais retrouver une autre course dans les Alpes pour finir de me préparer, de m'organiser du point de vue matériel, de faire les dernières mises au point. "

À la Réunion, Anthony part une quinzaine de jours du 14 au 28 octobre avec des amis. Qui sait, son chemin croisera peut-être celui d'un autre trailer de l'ACSM, Damien Béal qui réside maintenant sur l'île Bourbon.

" C'est dans ce but que j'avais pris la licence, précise-t-il. J'aimerais bien essayer, voir ce que ça donne. "