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Parmi ceux qui s'exerceront sur la piste toute neuve du Mazel, à la lutte avec le chronomètre, on verra quelquefois Esteban Teyssier. À ce jour, Esteban détient 4 records du club : sur 200 mètres juniors en salle ( 23"03 ) sur 400 m plein air ( 49"45 ) et sur 400 mètres ( 50"08 ) et 800 mètres ( 2'03"71 ) dans la catégorie Espoirs.
Cet été, dans les gorges du Bilhard, sa recherche du temps perdu ne s'intéresse pas aux centièmes de secondes du chrono.
Esteban brasse désormais les siècles et renverse le temps pour mettre à jour des pans millénaires de l'Histoire locale. Il nous entraîne jusqu'à la protohistoire une époque où nos ancêtres ne connaissaient pas encore l'écriture. Histoire à découvrir en 5 épisodes.
Les érudits locaux ont toujours supposé qu'il existait un château plus ancien que l'actuel château des évêques
Esteban Teyssier dirige un chantier de fouilles sur le site du château vieux. Site qu'il a identifié et dont il est officiellement reconnu comme le découvreur ( en archéologie on dit " inventeur " ).
Le château vieux a précédé de plusieurs siècles celui dit des évêques que nous utilisons encore actuellement. Depuis 300 ans les historiens monistroliens recherchaient l'emplacement de ce château disparu dans la nuit des temps.
Esteban l'a trouvé. Le jeune archéologue ouvre les portes de " son château " aux visiteurs du site de l'ACS Monistrol.
Esteban Teyssier conduit les visiteurs du site Internet de l'ACS Monistrol au château vieux
Nous sommes sur le château vieux de Monistrol qui se place en deux phases puisque l'on a une zone avec l'habitat dit " castral ", c'est-à-dire le château, ainsi qu'une surface qui se trouve juste en amont où se situe probablement - on le suppose, aujourd'hui ce ne sont que des hypothèses - un habitat commun qui lie de l'habitation villageoise ainsi que de l'artisanat.
Qu'est-ce qui permet de formuler cette hypothèse ?
C'est simplement qu'un habitat castral et seigneurial ne peut pas être construit sans un habitat commun à ses abords puisque le seigneur a besoin d'avoir ses corvéables, des personnes qui travaillent pour lui, ainsi qu'une petite élite locale qui s'installe toujours à proximité de l'habitat seigneurial.
Ce qui permet également de mettre en avant que l'on a de l'habitat, c'est tout d'abord que le terrain est totalement aménagé puisque l'on est sur un plateau relativement accidenté avec beaucoup de relief et escarpé, donc des courbes de niveau changeant assez régulièrement. Sur de nombreux espaces, effectivement on peut noter des endroits qui ont été totalement aplanis ce qui laisse supposer que l'on a eu donc de l'occupation humaine ainsi que de nombreux tessons, c'est-à-dire des morceaux de céramique que l'on a retrouvés. Ils correspondent à de la céramique dite commune : il s'agit de petites assiettes, de pots de conservation pour de la cuisson et ce type de choses.
De quelle époque cet habitat ?
On serait sur un habitat probablement médiéval. Aujourd'hui on donne une chronologie qui correspondrait entre le 8ème et le 11ème siècle. Néanmoins, à mon sens, il est possible de reculer la chronologie avec une occupation dès le 6ème siècle.
Ensuite, il y eu une abandon total de cet espace avec un glissement en direction de la commune actuelle de Monistrol.
La construction du château des évêques a-t-elle suivi immédiatement l'abandon du château vieux ?
Probablement pas. Aujourd'hui il n'est pas encore possible de l'attester tant d'un point de vue archéologique qu'historique. Les hypothèses que l'on peut formuler seraient que l'on a déjà un habitat qui se constitue à la place de l'église actuelle de Monistrol qui à terme a progressivement polarisé un habitat commun. On a donc un glissement progressif de l'habitat du château vieux vers le centre actuel de Monistrol. Puis à terme, le château vieux est totalement abandonné pour une installation sur le château actuel. Cela se passe aux alentours du 12ème siècle à peu près.
Le site des fouilles
On entre dans la partie du château symbolisée par un fossé défensif. Il faut savoir que le site du château vieux se trouve sur un point haut, donc un éperon rocheux, naturellement défendu par ses côtés. Son côté nord et son côté sud sont défendus par des gorges, les gorges du Piat et du Saint-Marcellin, dont la hauteur est à peu près de 20 mètres au minimum et peut atteindre 30 mètres. Et dessus, on a des remparts naturels marqués par le paysage, ce qui permet d'éviter la construction de remparts ou de ce type de choses. Le site étant en triangle évasé qui se referme sur une pointe, la pointe est facilement défendable puisque l'on est aussi sur un point sommital, donc aisé à défendre.
Le fait que l'on se trouve sur un point haut est extrêmement important puisque cela nous permet d'avoir une vue jusqu'à la Loire, donc de pouvoir voir de plausibles assaillants.
Démontrer que l'on est le plus puissant
Le fait d'être sur au point haut permet également d'être visible aux yeux de tous. C'est extrêmement important au Moyen-âge ( NDLR : période s'étendant de la fin du 5ème siècle à la fin du 15ème siècle ) puisqu'il y a toute cette vision et cette idée de la question de l'ostentation . Il faut démontrer que l'on est le plus puissant en ayant un édifice castral qui est le plus visible dans le paysage.
Un dernier côté sur les quatre n'est pas défendu, c'est quand on arrive du plateau de la commune de Monistrol. En descendant sur le château, nous arrivons sur un espace relativement plat qui permettrait une attaque assez facile en cas de conflit. Les hommes ont donc tenté de fortifier ce dernier côté en créant ce que l'on appelle un fossé, un fossé creusé dans la roche et qui permet de barrer l'ensemble de l'accès à l'éperon en courant d'une gorge à l'autre. Ce fossé est probablement issu d'une faille géologique naturelle anthropisée ( NDLR : modifiée par la présence humaine ) afin de l'élargir et de l'approfondir pour permettre une défense qui finalement devient totalement imparable.
C'est ce que nous sommes en train de fouiller ici. L'objectif est donc de retrouver le profil du fossé sur sa largeur.
Cela permet-il de se faire déjà une idée précise de la taille du château ?
Cela permet de marquer une limite du château puisque l'objectif de cette campagne est de retrouver l'emprise surfacique du château. Sur son côté nord et son côté sud, il est facile de l'attester puisque l'on a les gorges.
Ensuite, le côté ouest est symbolisé par une voie pavée que nous verrons plus tard.
Le côté est que nous sommes en train de fouiller est symbolisé par ce côté.
La surface du château est relativement grande. Aujourd'hui je peux difficilement donner une surface en mètres carrés, mais on est sur un établissement assez immense pour ce type de construction à l'époque.
Donc, les fouilles risquent de durer longtemps encore...
Si l'on s'intéresse à la partie castrale, il y en a au moins pour six à sept ans avec un chantier d'un mois chaque année. Généralement pendant une semaine on procède au décapage, c'est-à-dire suppression de la végétation. Puis trois semaines de fouilles, à savoir que trois semaines de fouilles amènent à un travail de huit mois derrière pour l'étude du mobilier, l'étude des objets découverts, la reprise des dessins qui ont été faits, des photos et la rédaction d'un rapport.
Ces fouilles s'articulent dans tes études?
Le site du château vieux est issu de mes
recherches de Master. J'ai rédigé un mémoire de recherches sur l'histoire de la
seigneurie de Monistrol qui m'a confronté à cette fameuse controverse de la
possibilité d'un dédoublement de château, le château actuel de Monistrol. Les
érudits locaux ont toujours supposé qu'il existait un château plus ancien.
Depuis 300 ans on recherche ce château
Cela fait à peu près 300 ans qu'on le recherche et que les recherches sont infructueuses. J'ai eu l'opportunité de le découvrir il y a de cela deux ans. On a mené les premières prospections archéologiques en 2017.
Maintenant les fouilles continuent pour enrichir nos connaissances archéologiques en Haute-Loire puisque l'Histoire médiévale et notamment la période du Haut Moyen-âge qui s'étend du 5ème aux 10ème-11ème siècles, est très peu renseignée sur notre département. Nous avons donc une sorte de cas d'école et un site totalement inédit et à terme, ce projet entrera dans un projet plus large, celui d'une thèse au sujet plus large mais dans laquelle le château vieux prendra sa part.
* Les passionnés de l'histoire du château pourront lire un article d'Esteban dans Les chroniques Monistroliennes n°47 de 2017 pages 7 à 11.
Ils pourront aussi consulter le n°40 des Chroniques monistroliennes intitulé " Tout sur le château " contenant une série d'articles de Philippe Moret.
À SUIVRE...
MERCI À ESTEBAN POUR SON ENGAGEMENT AU SERVICE DU PATRIMOINE MONISTROLIEN ET POUR SA DISPONIBILITÉ DANS LE BUT DE VULGARISER DES CONNAISSANCES DE SPÉCIALISTES PAR LE BIAIS DE CET ENTRETIEN ET DES VISITES COMMENTÉES SUR LE SITE DU CHÂTEAU VIEUX.
à lire interview d'Esteban et vidéo sur La Commère 43
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