Franck Teyssier a accompagné neuf coureurs aux championnats de France des 10 kilomètres à Houilles. Dans cette partie d'entretien il analyse la performance de cinq coureurs parmi lesquels les cadets.

Si on reprend les courses individuellement, ça a commencé par la course des Masters-Cadets-Juniors, une seule et même course.

Dans cette course, nous avions en Masters Christophe Roupie. Il fait une jolie course. Il bat son record personnel de plus de 20 secondes.

Il s'est vraiment collé sur la prépa du 10 kilomètres en faisant toutes les séances. Et forcément, ça a donné ce résultat là. Donc il était content.

Trois cadets

Au départ de la course, on avait trois cadets. Loan, Lorenzo et Nohan.  

Lorenzo a fait une jolie course. Il améliore son record de 2'40, ce qui est considérable. En 35'29.

Nohan n'était pas au mieux de sa forme. Le jeudi, il était patraque à l'entraînement. Après l'échauffement, je lui ai carrément dit de ne pas courir. Il était fébrile, fièvreux. Samedi ça allait mieux, mais il n'était pas au top. Il n'a jamais  été dans le coup pour sa course. Il a tout le temps été à la peine. De mon point de vue, c'est une conséquence directe d'un état fébrile. Ça fait partie des aléas. Si ça n'avait pas été un championnat de France, sans doute il n'aurait pas couru. Là où il n'a pas de chance, c'est que c'est son deuxième 10 kilomètres et que son premier kilomètre c'était Vénissieux et qu'il était déjà malade. C'est un mauvais concours de circonstances.

La couleur de la médaille

C'est un très très joli résultat, mais c'est tout sauf une surprise. On savait que Loan était en forme. On savait qu'il était bien placé au niveau des bilans.  L'objectif avoué, c'était très clairement d'aller chercher un podium. La question était de savoir quelle serait la couleur de la médaille. Ne pas revenir avec un  podium aurait été une déception, pour lui en priorité, parce que c'est certain il avait le podium en tête.

Le travail hivernal a été fait

Pour moi-même, parce que j'étais convaincu qu'il en avait les moyens. Je sais où il en est en ce moment. Il est vraiment solide. Je sais que les cross de cette saison n'ont pas été des terrains qui lui étaient favorables. Pas des terrains sur lesquels il peut réellement exprimer tout son potentiel : des terrains lourds. Des terrains sans cesse en relance. Ce n'est pas ce qui lui convient le plus. Pour autant, tout le travail hivernal a été fait. Il n'y a jamais eu d'obstacle, jamais de problème de bobo, de maladie. Il a vraiment fait une saison pleine. Tous les voyants étaient au vert. Et les dernières séances qu'il faisait étaient vraiment solides. Je savais qu'il avait un gros chrono dans les jambes. Et d'ailleurs, 31'26 soit 20 secondes de mieux que son record personnel sur un  parcours beaucoup plus exigeant que Vénissieux, ça montre bien les progrès accomplis. Et une très belle deuxième place.

Rien n'est impossible

Apparemment, il avait en tête d'arriver sur le podium. Mais l'avoir en tête c'est une chose, le réaliser c'en est une autre…

J'ai voulu démystifier ça et rendre l'objectif réaliste dans sa tête. Je voulais qu'il prenne ce départ de course en se disant :

" Oui, je peux le faire et oui je vais aller la chercher. "

Et pas que ça tombe comme une surprise. Je pense que c'est important maintenant qu'ils prennent conscience tous de leur valeur et qu'ils prennent le départ des courses avec l'ambition qui soit à la hauteur de leur potentiel. Il faut qu'ils aient cette ambition là. Ils peuvent le faire et il ne faut pas qu'ils abordent les courses avec une espèces de fausse modestie. C'est important parce que c'est cette ambition qui fait qu'ils iront concrétiser tout leur potentiel.

Des choix

Vice-champion de France, ça claque et ça rejaillit sur les autres

Oui, c'est intéressant pour tout le monde. C'est intéressant pour lui, pour le capital confiance. Et puis c'est intéressant pour les autres parce que ça montre que rien n'est impossible.

Quelqu'un comme Loan, c'est quelqu'un de talentueux mais qui n'est pas que talentueux. C'est quelqu'un qui se donne les moyens de réussir. Ça veut dire qu'il va faire des choix. Il va se donner des priorités.

Et je n'ai pas du tout envie de parler de sacrifices, parce que j'ai horreur de ce mot. Dans notre sport, c'est tout sauf des sacrifices.

Ce sont des choix. Il va donner la priorité à une compétition. Si la veille il y a une soirée, si… non, il ne va pas le faire. Il va se donner les moyens de réussir et ça, c'est important. En terme d'exemple, je pense que c'est vraiment quelque chose d'important.

Dix dans la même seconde

Pour le printemps, il pense au 1500 et au 3000 sur piste. Au 3000 mètres il est capable de descendre sous les 9 minutes…

Il faudra qu'il soit plutôt sous les 8'40 à mon avis, voire moins. Je n'ai pas eu le temps de me poser pour regarder les bilans mais…

8'40, je crois que je suis généreux. Mon idée c'est que j'aimerais qu'il fasse les championnats de France sur 1500 et 3000 pour qu'il ait le choix du roi pour les France. Et qu'il aille là où il aura la possibilité de faire le meilleur résultat.

Ce qui compte, c'est la place

De toute façon, si on est très fort sur 1500 on est très fort sur 3000. Et inversement. Après, il faudra regarder un petit peu les forces en présence. L'idée sera d'aller chercher là où il pourra faire le meilleur résultat possible. Il n'y a que ça qui compte. Sur un championnat de France, ce qui compte, c'est la place.

Un objectif avoué

Sur l'année 2022, en 8'40 on est dans le top ten. Il faudrait aller chercher sans doute quelques secondes de moins. On n'en est pas encore là. En tout cas, ce sera un objectif avoué. Très clairement.

Sur 1500 il faut aller titiller la barre des 4 minutes. À moins de 4 minutes ça fait entrer dans le top 20. L'an dernier, ils étaient dix dans la même seconde ! En fait, ça descend très vite À 3'57. À moins de 3'57 on est dans le top 8.

3'57, il faut y aller déjà…

Donc, on va voir. Je n'enlève aucune barrière. Tout est possible. C'est la saison qui va décider…

 À SUIVRE…