Aucun athlète du club n'avait jamais couru les 100 kilomètres de Millau, monument de la course hors stade. Fabrice Néel s'y était préparé. Il l'a fait et il a terminé. Comme on dit dans le langage de la course à pied, il est finisher. En 11H11. Une aventure qu'il n'oubliera pas.

Ça va ? Comment tu te sens ? Tu as mal aux jambes ?

Oui, oui, j'ai super mal aux jambes. Là, je suis un petit vieux de 95 ans ! Pour me déplacer, pour rentrer dans la voiture, c'est une souffrance!

L'ambiance au départ, comment c'était ?

Franchement, c'était calme. Vraiment calme. Pas trop de musique. C'était vraiment calme.

Les coureurs, comment ils étaient ? Chacun concentré ou bien est-ce qu'ils discutent les uns avec les autres ?

Non, non. Tout le monde avait envie de faire sa course.

Chacun un peu concentré dans sa course et dans son coin…

Oui. Oui.

Mon objectif

Tu peux décrire ta course, comment ça s'est passé ?

Mon objectif c'était le 10 km/heure. Donc, au plat j'étais à 10 à l'heure. Dans les montées, j'étais à 9 Km/heure. Et mon père m'a rejoint à vélo au 7ème kilomètre. Et là, avec un vélo, on gagne du temps.

Je n'ai fait aucun ravitaillement. Donc, ça gagne du temps.

Au 5ème kilomètre, j'étais tout seul, donc je suis passé sans prendre de l'eau. J'avais une petite gourde.

Il y avait un ravito tous les 5 km.

Là je suis passé. Au 7ème, mon père m'a rejoint. Au 10ème km il m'a fait mon premier ravito et je suis passé. Puis il m'a récupéré. Au moins un kilomètre pour venir me chercher. Le temps qu'il pose son vélo, qu'il récupère la boisson et la nourriture et qu'il revienne me chercher, j'ai déjà fait un kilomètre.

Donc je lui prenais de l'avance. On a fait ça tout le temps. À tous les ravitos j'ai toujours couru. Je n'ai jamais arrêté.

Au 40ème kilomètre mon père s'est arrêté et ma femme a pris le relais. Près du camping, où on va en stage.

Ma femme m'a récupéré. Et ce n'est pas évident parce que ce n'est pas bien  marqué. Franchement, les marquages ne sont pas au top. Parfois on se demande où il faut aller.

C'est où qu'on passe ?

Il y avait des gens pour indiquer la route ?

Oui, il y avait des signaleurs mais il n'y a pas de panneaux, rien…

On est on obligé de demander " C'est où qu'on passe ? "

Tu suis ceux qui sont devant ou si à certains moments tu te retrouves seul ?

Jusque là, il y avait encore un peu du monde. Là, je passe au 42,195ème km, au marathon. Je récupère ma femme. On part direction sous le pont de Millau. À partir du rond-point sous le pont de Millau, j'ai marché. Toute la montée j'ai marché. Toutes les montées j'ai marché. Dans les descentes et au plat je courais.

image ci-dessus extraite du site

Abricots, raisins secs et Badoit sans gaz

C'était prévu comme ça, c'est ce que tu avais pensé ?

Non. J'avais envie de courir la première bosse et la deuxième bosse. Mais quand j'ai vu au 46ème km que j'avais les cuisses un peu dures, j'ai marché en  montant. Et j'ai bien fait parce que tous ceux qui montaient en courant, je les rattrapais en descente et après ils n'arrivaient jamais à me rattraper.

Est-ce qu'il y a des endroits sur le parcours où tu peux t'arrêter et te faire masser ?

Il y avait trois ou quatre endroits mais je ne m'y suis jamais arrêté.

Tu avais de quoi boire tout le long, mais, est-ce que tu as mangé ?

Oui. J'avais un gel tous les 20 km et je mangeais abricots secs et raisins. Mais à certains moments, je n'arrivais plus à avaler. Je n'avais même pas faim. À la fin je buvais un peu du coca avec beaucoup d'eau. Et de la Badoit sans gaz pour ne pas casser le ventre.

De la Badoit sans gaz, tu l'avais préparée à l'avance ?

Non, c'était aux ravitos. Mais elle était ouverte depuis tellement longtemps qu'il n'y avait plus de gaz. On me disait que c'était du gazeux. On sentait le sel et c'est tout.

Avoir les vélos, c'est super intéressant;

Et après, jusqu'à l'arrivée ?

J'ai eu de la chance. J'ai eu Nelly et Philippe qui sont venus au 75ème kilomètre. Ils m'ont bien tiré. Ils m'ont tiré jusqu'à la fin. La descente de Saint-Affrique et la descente sous le pont de Millau, c'était à 12 à l'heure. Sous le pont on double, ça avance.

Et l'arrivée, le dernier km, comment ça se passe ?

J'étais bien. C'est sur un parc. Il n'y a pas de panneau quand on arrive. Pas de panneau, rien ! C'est bizarre, il n'y a rien. Une fois dans le parc on voit qu'on est à l'arrivée mais avant le parc on se demande.

 À SUIVRE...

Vidéo 1

Vidéo 3

Photos et vidéos Philippe Zotos