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Bastien Millet : Heptathlon, 4 158 pts (R.P)
- 60m : 7’’65 (R.P)
- Perche : 3m45 (R.P)
- Longueur : 6m23 (R.P officiel)
- Poids : 11m48 (R.P)
- 60m haies : 9’’12 (R.P)
- Hauteur : 1m71 (R.P indoor)
- 1000m : 3’12’’29 (R.P)
Bastien Millet : la revanche sur l'an passé
Bastien avait une revanche à prendre par rapport à l’an passé. Victime d’un problème avec sa licence, il n’avait pu finir d’heptathlon lors de sa 1ère saison sous les couleurs du club. Bien décidé à se qualifier le plus tôt possible aux championnats de France en salle d’épreuves combinées, Bastien s’était plongé dans un savant calcul de points.
Objectif : 4 300 pts !
Malheureusement une douleur à la cuisse l’avait éloigné de l’entrainement toute la semaine.
C'est donc avec une légère appréhension qu’il a abordé la première épreuve. Détenteur d’un record à 7’’66 réalisé en janvier 2023, Bastien souhaitait accrocher les 700 pts en réalisant 7’’54. Au 1er couloir de la 1ère série (la plus rapide), Bastien n’en menait pas large. Ses concurrents étaient tous de redoutables sprinteurs et sa cuisse l’inquiétait. Au coup de pistolet, Bastien se releva instantanément pour éviter de trop forcer avec ses quadriceps. Au bout de 20 mètres, il accusait déjà du retard sur tous ses adversaires directs :
Allez Bastien ! Accroche-toi !
La cuisse ? Nickel
Crispé du début à la fin, il a démarré son heptathlon en délicatesse. Rivé sur le panneau d’affichage qui annonçait les résultats un à un, le doute s’emparait de lui. Puis ce fut la délivrance, 7’’65 (665 pts), nouveau record personnel malgré une course mal engagée. Ce n’était pas ce qu’il espérait, mais une chose allait s’avérer cruciale pour la suite. Je lui demande :
Alors, ta cuisse, ça donne quoi ?
et lui de répondre :
Nickel !
Il fait monter la barre de 70 centimètres !
Nickel, il fallait que ça le soit. Il restait 6 épreuves et pas des moindres, à commencer par son épreuve favorite : le saut à la perche. Bastien a été le 2ème athlète à franchir 3 mètres au sein du club, 1 minute après un certain Jules Montagne avec qui il partage cette performance en extérieur. Confiant dans ses capacités à aller plus haut encore, il lui tenait à cœur d’effacer son « grand-frère d’athlé » des tablettes.
Meilleur sauteur du groupe 2, il lui a fallu attendre de longues minutes avant de s’élancer pour son premier essai à 2m75. Barre qu’il franchit avec aisance au 1er essai. Éliminant un à un tous ses concurrents et amis il a fait monter la barre de 70cm !
Pour passer 3m45 (469 pts) à sa 2ème tentative avec un peu de fatigue et de réussite :
Tu peux encore gagner 20cm, mais il faudra démarrer plus haut la prochaine fois ! Ok ?
Il avait effectué 9 sauts avant de buter par 3 fois à 3m55. C’était trop, même lui en avait conscience :
Je suis mort… Il faut que je mange un truc !
Après une pause bien méritée…
…sa deuxième épreuve favorite s’annonçait : le saut en longueur. Détenteur d’un record à 6m28 lors des académiques en UNSS (le 15/11/2023), il ambitionnait d’aller encore plus loin. L’année dernière, il s’était cassé les dents à plusieurs reprises sur cette barre des 6 mètres. Mais cette année, Bastien n’est plus le même homme. Il a parfaitement géré son échauffement, tel un habitué des sautoirs.
Au 1er essai, il assure un saut à 5m95 sans même toucher la planche :
T’as 15 centimètres à gagner rien que là-dessus !
Qui est ce garçon de Monistrol ?
Bastien a réglé ses marques et
enchaîné les sauts avec une maturité déconcertante : 6m12 au 2ème
essai et même 6m23 (637 pts) sur sa dernière tentative. Un saut en ciseau digne
des athlètes les plus chevronnés. Difficile à croire qu’il y a tout juste un
an, Bastien découvrait l’athlétisme. Même le speaker de la salle n’en revient
pas :
Qui est ce garçon de Monistrol, qui vient tout juste de se hisser sur la 3ème place du podium provisoire ?... Bastien Millet !!! Retenons bien son nom, il n’a pas fini de faire parler de lui.
Un coup de bluff
Au lancer du poids, tout s'est joué sur un coup de bluff. Une blague récurrente refaisait surface à chaque concours de poids :
Jamais tu ne battras mon record cadet ! T’as trop de respect pour ton coach !
Et lui de répondre :
La prochaine fois, tu verras !
En cadet j’avais réalisé 10m79 alors que j’étais lanceur de javelot et Bastien avait un record à 10m76 à ce moment-là. Il prit le pari de s’échauffer avec un poids de 6kg (1kg plus lourd), il avait de meilleures sensations avec. Lors de sa 1ère tentative, il oublie de se déplacer et expédie son engin en deçà de la ligne des 10m. Il me regarde l’air de dire :
Je le sens pas le 5kg, trop léger !
Il rectifie son déplacement sur le jet suivant, mais arrête son mouvement en plein milieu. Trop soucieux de bien faire, il se priva ainsi de la vitesse créer par la translation. Résultat : 10m20 à peine ! Je lui dis :
Sois fluide ! Monte sur ta jambe gauche et étire ton pec ! Il suffit d’un jet !
Je lui répétais ce qu’il savait déjà, à croire que j’étais vraiment indispensable. Au 3ème essai, Bastien a débranché son cerveau et balancé la sphère du bout des doigts à l’autre bout des tapis bleus. Je m’écrie :
Oui Bastien !
Le poids était encore dans les airs quand je pris conscience qu’il venait de battre mon vieux record. Avec 11m48 (575 pts), l’élève dépassait enfin le maître :
Je t’avais dit que je le battrais la prochaine fois !
Les jeunes je vous jure…
Enfin, avec cette performance Bastien confortait sa 3ème place provisoire et pouvait dormir sur ses deux oreilles.
Je me laisse prendre au jeu
La nuit a été agitée pour Bastien, les 4 300 points avaient hanté ses rêves. À mon arrivée au stadium Jean Pellez, je remarque qu’il a de petits yeux.
Néanmoins, son ambition est toujours bien présente :
Je dois faire 9’’00 sur les haies, 1m77 en hauteur et 3’06’’00 au mille pour faire les France !
Je tente de le calmer, mais malgré moi je me laisse prendre au jeu. Il est dans la même série de 60m haies que Mathieu, bien que 6 couloirs les séparent l’un de l’autre. Je ne le vois pas partir, Mathieu à attiré mon attention par son erreur. Mais d’un œil je vois qu’il est dans le paquet de tête. Il fait une fin de course « propre », mais sans prise de risque, comme à l’entraînement. Même s’il s’agit d’un nouveau record personnel, en signant un chrono de 9’’12 (720 pts) c’était tout de même 26 points de perdus sur son plan de route. Ce qui ne signifiait qu’une chose :
Maintenant t’as plus le choix, tu dois faire 1m80 en hauteur !
Chose plus facile à dire qu’à faire puisque personne au club n’a jamais tenté de telles hauteurs…
L’échauffement du saut en hauteur a été bref, en raison de concours simultanés qui ont dérangé les sauteurs et de juges peu compréhensifs.
Avec un record à 1m72 réalisé au mois de juin à Saint-Chamond, Bastien décide de commencer son concours à 1m65 afin d’éviter d’enchaîner trop de sauts. Malheureusement, dans un concours qui compte 20 sauteurs de niveaux hétérogènes, la patience s’avère être votre meilleure alliée. Le concours a démarré à 1m30. Puis la barre est montée d’un coup à 1m44.
Mais l’attente ne faisait que commencer
La barre a continué de monter : 1m47, 1m50, 1m53… En épreuves combinées, les barres montent de 3cm en 3cm. Les jambes commençaient à devenir lourdes, alors que la barre n’était encore qu’à 1m62. Bastien a néanmoins passé 1m65 avec aisance au 1er essai.
Mais je remarquai alors que son visage était marqué par la fatigue d’un week-end qui s’étirait. Après l’écrémage à 1m65, ils n’étaient plus que 3 concurrents à avoir passés 1m68 et Bastien n’en faisait pas partie. Je lui fais reculer ses marques et lui demande de :
Mettre du rythme dans le virage !
Bastien s’exécute et frôle la barre qui doit encore trembler à l’heure qu’il est. Ce fut un véritable soulagement pour nous deux. Il passe ensuite 1m71 (552 pts) au 1er essai sans la toucher, il semble reparti vers les sommets. Mais la fatigue accumulée est trop forte, même le soutien du public n’y fera rien. A 1m74, il est l’ombre de lui-même. Son rêve de championnats de France s’éloigne radicalement :
Je dois faire 2’58’’00 au mille si je veux faire les 4300 pts… C’est mort !
La tâche semble insurmontable
Bastien est courageux, mais avec un record à 3’25’’35 réalisé à Montbrison au mois de juillet, la tâche semble insurmontable. Mais Bastien n’abandonne jamais sans combattre :
Je pars dans les allures et je vois si j’arrive à tenir… Même si j’explose, je ferai quand même 4 000 points !
Il vient de voir Mathieu se casser les dents sur cette barrière des 3 minutes et commence à angoisser légèrement. Il part vite, comme prévu et boucle le 1er tour en 36 secondes :
C’est ça, maintien l’allure !
Le premier vrai combinard du club
Malheureusement, il en est encore incapable. Il ralentit tour après tour, sans jamais s’effondrer totalement. À l’annonce de la cloche, il accélère sans réfléchir ! Il rattrape trois concurrents en 200 mètres à peine et explose ainsi son record personnel : 3’13’’29 (540 pts). Il en manque encore un peu, mais je suis tout de même très fier de lui.
Bastien se classe 4ème du classement général et avec 4 158 pts devient le premier « vrai » combinard du club. Et dans la sueur des deux jours de dur labeur, il arrive tout de même à relativiser :
Tant pis pour les France… Je suis trop heureux !
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