Décathlon : ils ont fait de belles choses

Décathlon (étymologiquement dix concours) une suite d'épreuves à réaliser sur deux jours consécutifs qui demande des qualités athlétiques remarquables et qui, pour Samuel Intilla entraîneurs des sprints et des lancers, n'en compte pas dix mais onze. La onzième, c'est la gestion des dix concours.

Gaston Bancel et Bastien Millet, nés en 2007 sont tous les deux U18. Ils ont relevé le Défi pour les championnats AURA à Saint-Étienne. Samuel Intilla est resté sur le terrain de l'Étivallière durant ces deux jours, comme juge, puis comme entraîneur quand il a été disponible. Il commente la journée de dimanche.

Ils ont fait de belles choses globalement…

Oui, globalement c'étaient des belles choses. Des records personnels. La barrière des 6000 points pour Bastien. La barrière des 5000 pour Gaston. C'était l'objectif de l'année. Donc c'est super.  

Avec 6059 points Bastien a peut-être un pied aux championnats de France d'épreuves combinées. On va attendre jusqu'au dernier moment pour savoir si ça passe ou pas. Il faut être dans les 16 (NDR : meilleurs Français). Pour l'instant il est 10ème. On croise les doigts.

Il reste encre deux week-ends en France pendant lesquels des cadets vont disputer leurs championnats régionaux. C'est à ce moment que Bastien saura s'il est qualifié pour les France. 

Est-ce que Bastien va refaire un décathlon dans huit jours ?

Non, non. Il n'y a plus d'épreuves combinées dans les zones et à part les championnats de France à Toulon les 6 et 7 juillet, il n'y en aura plus.

L'an dernier ça passait à 6035 points. En théorie, l'année dernière il y serait allé. 

Les jambes étaient de plus en plus lourdes

Ils ont battu beaucoup de records personnels…

Dimanche, deuxième partie des épreuves, ils ont commencé par le 110 mètres haies. Il faisait froid. Il y avait du vent dans le dos +0,8 m/sec. Donc ce n'était pas un vent très violent. Mais il venait un peu de côté et il déséquilibrait un petit peu les athlètes. Mis c'est surtout la fraîcheur et l'humidité dans l'air qui étaient un petit peu problématiques.

Bastien est à moins de 1/10ème de seconde de son record. C'est très bien. Ça reste dans ses standards. Et Gaston bat quand même son record de 15/100èmes (16"35 contre 16"50) malgré la fatigue de la veille et une mauvaise météo. C'était plutôt bien engagé. Il avait vraiment fait un super départ. Je me suis dit qu'il allait passer sous les 16 secondes mais au fur et à mesure de la course, les jambes étaient de plus en plus lourdes.

Les dégâts du 400 mètres de la veille

Il m'a dit :

- Je ressens encore les dégats du 400 mètres de la veille.

C'est normal. Un décathlon... On ne peut pas prendre une épreuve comme si on était à 100%. La gestion entre les épreuves, c'est aussi une épreuve à part. C'est la onzième épreuve du décathlon.

Ensuite ils sont passés à la longueur où on a eu une sorte de petit crachin. Il faisait toujours un peu froid. Toujours un peu de vent dans le dos. Un peu de côté, qui était pénible.

Bastien fait un super premier saut. 6,25 mètres. C'était pas mal, un concours bien engagé. Mais on sait qu'à la longueur on gagne vite et on perd vite des points. Je lui ai demandé de refaire une autre saut au moins pour pouvoir valider un 6,40 mètres pour engranger le plus de points possible.

Malheureusement, ça n'a pas été possible. Ce n'est pas aussi simple. Il commençait à avoir des douleurs aux tibias, des périostites. Et puis le froid, la fatigue. Il avait fait 6,60 mètres le week-end d'avant mais c'était à 100% de ses capacités. Et là, ce n'était pas le cas. Il n'y avait pas les mêmes conditions atmosphériques. Il y  avait plein d'autres facteurs qui jouaient. Il a été un peu frustré de rester à 6,25 m.

De très mauvaises conditions pour le javelot

Je lui ai dit :

- C'est comme ça. À l'épreuve d'après il faut essayer de rattraper.

Pour Gaston ça a été un peu différent puisqu'il bat son record avec 5,31 m. Dans des conditions un peu dantesques. On sait qu'il peut aller plus loin. Il peut gagner au moins 30 centimètres.  À ce moment là, Gaston était plutôt dans une bonne dynamique. Il avait battu son record sur les haies. Il avait battu son record en longueur. Même si après c'était le javelot qu'il n'aime pas trop, on savait qu'il était dans un bon mood. Donc, le javelot, après il a commencé à pleuvoir. De la vraie pluie. Ce n'était plus un crachin. La piste commençait à être un peu détrempée. Nous les juges, on avait très froid. Le vent s'est arrêté. Ça a été de très mauvaises conditions pour le javelot.

Le problème c'était vraiment la pluie

L'échauffement s'était plutôt bien passé. Ils ont eu le temps de bien s'échauffer, de bien prendre leurs marques. Le problème c'était vraiment la pluie qui mouillait les cordes des javelots et qui gênait la course. La piste était vraiment détrempée.

Sur son dernier essai, Bastien réussit à sortir un jet à 43,97 mètres. C'est son record de pratiquement sept mètres puisqu'il avait fait 37,10 mètres.

C'est à peu près ce qu'il faisait à l'entraînement…

Oui, c'est ça. Je l'avais mesuré à 43,30 m. C'est même un petit peu mieux. C'est dans les standards de ce qu'il pouvait faire à l'entraînement. Mais pas dans ce conditions. Pas après plein d'épreuves dans les pattes et de la pluie et pas de vent.

Il s'est vraiment surpassé… 

Il a vraiment fait un joli jet. Il avait fait un autre jet à 39,80 mètres. On savait que c'était dans ses capacités. Je l'ai un  petit peu bousculé. Je lui ai dit  :

- Il faut rattraper un petit peu ta longueur. Si tu peux aller chercher 43, ça va te faciliter pour aller chercher les 6000 points. On a eu de la chance mais c'était une chance provoquée parce qu'on savait que c'était possible.

Pour Gaston, ça été dur. Ça a été très très dur. Il était fatigué. Il fait 24,67 m. Il a un record à  24,90m. Donc, c'est dans ses standards. Mais à l'entraînement, il fait pratiquement 30 mètres. Donc on voulait qu'il passe la barre des 30 mètres. À 24 mètres on marque 225 points. Sur un décathlon, ça fait presque une épreuve pour rien. Son gros points faible à Gaston, c'est le javelot.

La perche, ça commence à venir mais il a manqué un peu de réussite. Il est resté bloqué à 2,77 m. Je l'ai déjà vu faire 3 mètres à l'entraînement. On sent qu'il progresse.

Le javelot c'est vraiment son point faible et il doit à tout prix progresser s'il veut progresser.

Changer de vêtements parce qu'il étaient trempés

C'est une question de technique de lancer ?

Il y a de ça. Il n'arrive pas encore à assimiler ce que je lui demande de faire. C'est une épreuve qui ne lui convient pas. Mais comme elle est dans le décathlon…il va falloir minimiser les dégâts. L'année prochaine, il change de catégorie. Il va passer avec des javelots un peu plus lourds. Ça ne va pas le déranger. Mais il va falloir qu'il fasse 35 mètres. S'il n'y arrive pas  ça va être très compliqué de  marquer vraiment des points au total.

Après, il y a eu la hauteur. Ils ont eu une coupure. Ils ont ou manger un petit peu. Refaire le plein de calories. Et surtout changer un peu certains vêtements parce qu'ils étaient trempés. Pour essayer de se réchauffer au maximum.

De la vraie pluie

Et donc la hauteur. Mais c'était dans les mêmes conditions que le javelot. De la pluie. De la vraie pluie. Donc ils étaient tous cachés sous un hangar de protection des tapis de hauteur. C'était compliqué. Sur les 15 athlètes qui ont sauté, les 15  ont fait une contre performance. Pas un  n'a sorti son épingle du jeu. Personne n'a fait de record sur la hauteur.

Des points à aller chercher sur le 1500 mètres

Gaston passe 1,61 m. À 1,64 m il était largement au dessus mais il retombe sur la barre. La pluie lui a alourdi les jambes et il n'arrivait plus à sauter. Il n'arrivait plus du tout à impulser. Quand on fait un saut, si on n'arrive plus à impulser, c'est compliqué. Il avait fait 1,71 m début mai pour l'épreuve combinée des zones. Il avait à cœur de battre son record. À l'entraînement, il était haut. Quand il était à 100% il pouvait presque faire 1,80 m. Faire 1,60 m pour lui ça a été le coup dur. Il a un peu baissé les bras à ce moment là. C'était la 9èm épreuve. Je lui ai dit :

- Ce n'est pas fini. Il reste le 1500 mètres. Tu as encore des points à aller chercher. 

RÉSULTATS 

À SUIVRE…