Guillemot, une victoire historique

Il faut un petit grain de folie. Pour attaquer la médaillée de bronze olympique Georgia Bell au milieu de l’ultime virage et filer en solitaire dans la dernière ligne droite. Pour hurler avant même de franchir l’arrivée. Pour déchirer son dossard et le brandir devant la caméra. Pour répondre à une interview du speaker dans un anglais autant « frenchy » que rafraichissant. Et pour lancer, devant la presse et avec l’humour qui la caractérise : « Ah mais là, tout est possible. Y a plus personne ! Faith Kipyegon ? Rétro ! »

On ne s’ennuie jamais avec Agathe Guillemot, sur ou en dehors de la piste. Côté pile, elle a construit sa victoire avec la fougue et l’intelligence qu’on lui connait lors des championnats, alors que son premier grand rendez-vous sous le maillot bleu sur 1500 m ne remonte qu’à l’été 2023. Après s’être portée en tête du peloton dès les premiers hectomètres, la Bretonne de 25 ans a collé à la foulée de Bell quand la Britannique a pris les commandes autour de la mi-course pour placer une longue accélération progressive.

A l’abord du dernier tour, elle n’étaient plus que quatre en piste pour une médaille, alors que Bérénice Cleyet-Merle (9e en 4'10''60) faisait partie des décrochées : Bell et Guillemot, donc, ainsi qu’une autre British, Revee Walcott-Nolan, et la Portugaise Salomé Afonso. Parfaitement placée à la corde, l’élève de Marc Reuzé se décalait pour accélérer à un peu moins de 100 mètres de l’arrivée, au moment même où Bell explosait. On n’allait plus la revoir, avec une victoire en 4’07’’23 devant Afonso (4’07’’66) et Walcott-Nolan (4’08’’45).