En lisant,

Chère lectrice, cher lecteur, cher(e) tout court,

Ce que Nelly confiait avant le départ du championnat de France de cross des féminines, tu as peut-être été frappé(e) par la précision métrique du parcours qu'elle décrivait par avance comme épuisant :

" Je pense que le parcours sera épuisant. Il mesure 9 kilomètres et 10 mètres "

Quand n'importe quel quidam jogger aurait parlé de 9 bornes, elle n'a pas oublié de mentionner cet ultime décamètre. Cela, plus que la distance, mesure la peine de chaque foulée extirpée de la fange pour se mouvoir jusqu'à la porte de sortie.

Et ceci m'a rappelé, dans un registre sans comparaison, la réflexion du personnage central du roman russe " Une journée d'Ivan Denissovitch "  ( Alexandre Soljenitsyne ) : l'histoire d'un prisonnier d'un de ces camps où le régime soviétique pouvait enfermer un homme pour dix ans juste parce qu'il avait été prisonnier deux jours des Allemands, donc contaminé par l'Occident. Un de ces camps de travail perdu dans l'immensité sibérienne où le travail ne cessait que lorsque la température devenait inférieure à moins 41°C. L'auteur raconte en 250 pages l'horreur d'une journée ordinaire du prisonnier Ivan Denissovitch Choukhov. Cette longueur, bien que le lecteur ne s'ennuie jamais, permet d'en éprouver le pesant déroulement, l'infinie peine. En conclusion de l'ouvrage Soljenitsyne applique une dernière fois, de quelques mots, le fardeau de dix ans de bagne sur les épaules du lecteur :

" Des journées comme ça, dans sa peine, il y en avait, d'un bout à l'autre, 3653. Les trois en plus, à cause des années bissextiles. "

On ne sait pourquoi

Chère lectrice, cher lecteur, cher(e) tout court,                               

il y eut 10 mètres en plus des 9 Kilomètres de la course des féminines. Mais on sait que cette " peine " là, elles l'accomplirent avec bonheur. Et qu'elles sont prêtes à recommencer.