Loin des légendes d'improbables diables, dans les gorges du Bilhard à Monistrol Esteban Teyssier dirige un chantier de fouilles sur le site du château vieux. Site qu'il a identifié et dont il est officiellement reconnu comme le découvreur ( en archéologie on dit " inventeur " ).

Le château vieux a précédé de plusieurs siècles celui dit des évêques que nous utilisons encore actuellement. Depuis 300 ans les historiens monistroliens recherchaient l'emplacement de ce château disparu dans la nuit des temps.

Esteban l'a trouvé. Le jeune archéologue ouvre les portes de " son château " aux visiteurs du site de l'ACS Monistrol.

Qui a eu l'idée que l'emplacement du château se situait ici ?

Je suis la première personne à avoir découvert ce site. Je suis considéré par la DRAC ( Direction Régionale des Affaires Culturelles ) comme étant l'inventeur du site qui est signalé à mon nom et j'en suis l'unique découvreur.

Avant moi de nombreuses personnes se sont attelées à ce problème. Le site du château vieux a été placé un petit peu de partout sur les hauteurs de Monistrol, ce qui est logique. Deux historiens avaient émis l'hypothèse que le château pouvait se trouver dans les gorges du Bilhard mais sans, derrière, aucune source historique ni information archéologique probante*. En fait je suis vraiment le premier à avoir découvert l'emplacement concret de ce fameux château.

Peut-on imaginer qu'un jour ce site fasse partie des points que l'on fait visiter quand on fait découvrir la ville ?

 Oui. C'est déjà un peu le cas puisque des visites ont été organisées par l'Office de Tourisme pour le public. J'en ai mené mardi 13 août où l'on a eu quatre visites de deux heures chacune avec des groupes de 15 personnes. Quatre nouvelles visites sont prévues pour le mardi 20 août.

Effectivement, les gens sont extrêmement intéressés par ce site. Il y a un intérêt important de la population locale, ce qui est vraiment très bon parce que je pense qu'il est important de démocratiser la question de l'archéologie à grande échelle.

L'archéologie est un mot que l'on entend souvent dans notre vocabulaire mais finalement on n'arrive pas à associer quelque chose à ce vocabulaire là.

On est perdu sans repères archéologiques...

À terme, effectivement, si l'on retrouve des vestiges visibles et probants, pourquoi pas, en lien avec l'Office de Tourisme et la commune, créer un petit sentier pédestre pour faire connaître les gorges et également un site archéologique à ouvrir au public.

Placer quelques panneaux d'explications pour que les gens puissent comprendre parce qu'effectivement, quand on vient en tant que néophyte, la plupart des personnes ne voient absolument rien. Nous sommes sur un site construit en matériaux périssables, c'est-à-dire construit en bois. Donc il ne reste pas de vestige en élévation et les gens sont relativement perdus quand ils n'ont pas les repères archéologiques.

Néanmoins, avec quelques explications...

...le site prend forme et les visiteurs qui sont venus ont tous été subjugués et même réellement marqués par l'ensemble des découvertes faites.

Qui étaient les visiteurs ?

Apparemment, plutôt une population locale. Les visiteurs les plus éloignés, me semble-t-il, viennent du Puy-en-Velay. Mais la plupart des gens sont des locaux, des gens qui habitent Monistrol même ou les alentours : La Chapelle d'Aurec, Bas-en-Basset, etc.

Pont levis, entrée du château, comment était organisée la défense de l'édifice ?

Parler de pont-levis est un peu présomptueux à mon sens. Il s'agit plutôt d'un petit pont qui permet de passer le fossé pour relier le plateau d'habitations à l'espace castral.

Ce qui est sûr c'est que ce pont était une construction en bois puisque l'on a une pile en pierre ainsi que des négatifs de trous de poteaux, c'est-à-dire le reste d'anciens piliers de soutènement. Ces piliers devaient maintenir une structure en bois qui permettait de faire une passerelle. Très probablement, sur cette passerelle-ci nous avions une partie amovible, donc qui pouvait s'enlever et se remettre selon le contexte. Dans un contexte militaire ou en tout cas dangereux, la passerelle pouvait être enlevée afin de bloquer totalement l'accès au château.

Une chronologie difficile à établir

Derrière le fossé, il faut une zone de défense. Donc nous avons les restes vraisemblablement d'un bâtiment défensif actuellement en train d'être fouillé.  C'est une structure probablement assez gigantesque au vu des poteaux que l'on retrouve en pourtour de la structure ce qui nous laisse supposer une élévation de peut-être entre 5 et 7 mètres de haut.

Quant à la chronologie, elle est assez difficile à établir. On se situe très probablement entre le 8ème et le 11ème siècle, phase d'abandon mais il n'est pas impossible que l'on puisse reculer la chronologie aux 6ème-7ème siècles.

* Les passionnés de l'histoire du château pourront lire un article d'Esteban dans Les chroniques Monistroliennes n°47 de 2017 pages 7 à 11.

MERCI À ESTEBAN POUR  SON ENGAGEMENT AU SERVICE DU PATRIMOINE MONISTROLIEN ET  POUR SA DISPONIBILITÉ DANS LE BUT DE VULGARISER DES CONNAISSANCES DE SPÉCIALISTES PAR LE BIAIS DE CET ENTRETIEN ET DES VISITES COMMENTÉES SUR LE SITE DU CHÂTEAU VIEUX.