Dans un précédent article, Franck Teyssier président
de l'ACSM et entraîneur du demi-fond répertoriait et analysait les contraintes,
perspectives de cette saison mise plus sous boisseau par le coronavirus. Il
incitait chacun(e) à préserver sa motivation pour l'entraînement malgré les
contraintes. Il explique ici comment il entrevoit la suite, avant les annonces
attendues du mardi 24 novembre.
Aujourd'hui,
il est question de maintenir les championnats d'Europe et du monde.
Les
championnats d'Europe seront à Glasgow. Les championnats du monde auront lieu
15 jours plus tard en Chine. La Chine impose une quatorzaine. Donc aujourd'hui
la Fédé (NDLR : la Fédération Française d'Athlétisme) demande aux athlètes de
choisir. Pour les qualifiés, il ne sera pas possible d'être à la fois aux
Championnats d'Europe et aux championnats du monde. Certains athlètes s'en
plaignent. Par exemple Renaud Lavillenie
ce week-end s'est exprimé en disant qu'il tenait absolument à faire les deux
quitte à partir de Glasgow immédiatement pour respecter les 14 jours en Chine. Ça
se jouerait à 24 heures près.
Il y aura sans
doute une saison en salle
Où je veux en
venir, c'est qu'à l'échelle internationale on arriverait malgré tout à se
projeter sur des évènements qui auront lieu cet hiver. Donc, qui dit
championnats d'Europe et championnats du monde, automatiquement dit courses à
des niveaux national et régional. Donc on
peut penser qu'il y aura aussi, sans doute, une saison en salle, très
probablement à minima, avec des contraintes sanitaires.
Cet été on a vu
qu'on savait faire. On a fait des compétitions et ça s'est bien passé. Donc ce
sera sans doute possible. Les effectifs seront sans doute réduits parce qu'on
reste malgré tout dans un espace confiné. Ça a beau être grand, ça reste un espace couvert.
Une adaptation
en fonction des régions ?
Je pense
qu'il y aura peut-être aussi des compétitions, mais l'urgent, finalement, avant
même de parler de compétition, c'est qu'on puisse se retrouver tous, qu'on
puisse se ré-entraîner en groupe. Pour l'instant, on est suspendu aux annonces de
ce mardi 24 novembre. À priori, d'après ce qui commence à filtrer, plusieurs
choses se profilent :
La première
c'est que les clubs pourraient revenir vers un entraînement qui s'adresserait aux mineurs. Il semblerait
que les clubs, je parle des sports collectifs, il semblerait que les clubs
puissent ré-ouvrir leurs créneaux d'entraînements pour ces catégories là.
Ets-ce que ce sera annoncé ? Ce serait le premier niveau.
En Loire et
Haute-Loire, la situation incite à la prudence
Deuxième
niveau, est-ce qu'il y aura une adaptation en fonction des régions ? On peut le
penser parce que toutes les régions ne sont pas également concernées. Nous, en
Loire et Haute-Loire, on voit bien que la situation incite plutôt à la prudence.
Donc si au niveau national on lâche un peu du lest, ça ne veut pas dire qu'à
l'échelle de la région ou du département cela soit possible. Là, on va dépendre
des préfectures. Et quand bien même, est-ce qu'au niveau local, la Com'Com et
la commune, ira-t-on dans ce sens là ? Je ne sais pas non plus. Nous sommes
dépendants de ce qui va se dire ce mardi 24.
La contrainte une
heure-un km énormément contestée
Le deuxième
point, c'est cette fameuse contrainte de une heure-un kilomètre qui est
énormément contestée. Toutes les fédérations sont montées au créneau. Des
pétitions ont été lancées. Des parlementaires, des députés, s'en sont emparés.
Là encore, on est encore au stade du " on dit ", il semblerait que l'on pourrait peut-être aussi lâcher un petit peu la
bride par rapport à ça.
Cela
voudrait dire que l'on retrouverait un peu plus de flexibilité. Mais est-ce que
ça signifierait que l'on pourrait se ré-entraîner en groupe illimité ? Je ne
sais pas.
Pouvoir
s'entraîner à plusieurs
Mes attentes
sont là. C'est qu'on puisse à nouveau s'entraîner au moins à plusieurs, sans
parler de tous ensemble, on peut faire des groupes un peu plus réduits. Mais ça
ré-entraînerait une dynamique. Ça me permettrait de remobiliser certains, avoir
de la visibilité sur ce que pourrait être une ébauche de calendrier hivernal en
termes de compétition ce qui permet de maintenir un niveau de motivation.
Et, quid des
jeunes catégories ? Pourra-t-on ré-accéder au stade, au moins pour les jeunes ?
Voilà où
nous en sommes aujourd'hui. Beaucoup d'interrogations.
Il sera
important de prévoir une réunion de club (NDLR : réunion du bureau du club en
visioconférence) en fin de semaine ou début de semaine prochaine, en fonction
de ce que seraient les annonces. Si ces annonces ont bien lieu, elles seraient
effectives début décembre.
On fait tous
ce qu'on peut avec les moyens du bord
Franck chaque envoie
un bloc d'entraînement chaque semaine à son groupe.
J'arrive à
avoir des nouvelles de ceux qui habitent à proximité. Pour ceux qui sont plus
éloignés, j'ai un peu moins de nouvelles.
Après un gros bloc
de trois semaines, il s'agit de " digérer " l'entraînement des trois
semaines écoulées, il programme une semaine allégée, semaine dite "
d'assimilation " avant de redémarrer sur un bloc de trois semaines.
Pour s'entraîner on fait tous ce
qu'on peut avec les moyens du bord résume l'entraîneur qui a connu le haut niveau
et l'entraînement en solitaire intégré dans des études supérieures.
Des
performances remarquables à l'issue du premier confinement
Pour moi, se souvient-il, ce n'était pas un sacrifice. Je ne me forçais
pas à y aller. Cela faisait partie de ce que je voulais faire. Je ne le vivais
pas mal. Je vois bien que dans le groupe c'est plus compliqué pour certains.
Ils l'expriment pour eux c'est plus compliqué, plus difficile.
Et aussi, je donne des indications
d'allure. Je donne des conseils. Je donne les séances en distance et je les
convertis aussi en temps. Selon l'endroit où ils habitent, ce n'est peut-être
pas facile. Par exemple au lieu de faire 6 fois 1000 mètres, on peut faire six
fois quatre minutes. C'est pareil. On peut le convertir en fartlek.
Tout le monde le vit différemment
Certains
le disent :
" Tout seul c'est difficile. Le club me manque énormément. "
On fait tous comme on peut avec les
moyens du bord. J'essaie de les motiver en disant " N'oubliez pas*.
Regardez ce qui s'est passé à l'issue du premier confinement. Il y a quand même
eu des performances remarquables, à tous les niveaux, national ou international.
Ça veut dire que pendant le confinement certains ont mis à profit cette
période pour vraiment continuer à s'entraîner. Alors, pensez à vos concurrents directs qui
sont peut-être en train de s'entraîner.
* Une occasion de
prendre quelques minutes de nostalgie avec Joe Cocker en cliquant sur "N'oubliez jamais " (sous-titré en français)
Une très belle
version en public sans sous-titres mais précédée par une courte séquence publicitaire ICI
Photo de Joe Cocker ci-dessus due à Eddie Mallin licence Creative Commons