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Julien Degoute, non voyant se retrouve aux championnats de France Élite Handisports aux côtés de son coach et guide en course, Dominique Dos Santos. Mais surtout il réalise qu'il va courir avec une quadruple championne de France et ex-internationale médaillée aux championnats du monde de cross… Panique à bord !
Dominique Dos Santos raconte :
Rosa est venue me voir en me demandant ce que j'avais prévu de faire avec mon coureur sur 1500.
Je lui ai répondu :
- Moins de 6 minutes. C'est sa première compétition.
- Ça me va. J'ai trop mal du 5000 mètres d'hier (Qu'elle avait fait en 18'40"). J'ai trop mal, je veux rester avec vous.
Et là, panique chez Julien.
- Tu ne vas pas me faire courir avec une fille qui a fait les Jeux Olympiques !
- Non, non. On part doucement.
Donc, on part.
- Va doucement, j'ai mal aux jambes.
Un projet à plusieurs
Au bout de 750 mètres de course, Rosa qui était derrière passe pour nous relayer. Instinctivement, je vais pour prendre sa foulée et là, il ne voit pas, mais il sent :
- Tu es en train d'accélérer !
- Je suis Rosa.
- Non, non, j'ai trop mal aux jambes.
En fait, on est passé en 2'00" puis 2'03" et on finit en 1 '56" ce qui fait 5'59". On fait moins de 6'00".
(NDR : Rosa Murcia a été chronométrée en 5'53''68).
C'est un super projet. C'est vrai que c'est moi qui suis sur la piste avec lui mais ce qui est bien c'est qu'il y a encore trois ou quatre personnes qui guident. C'est un projet à plusieurs.
Un facteur limitant
Tu vois arriver le moment où tu ne pourras plus le suivre ?
Ça lui a tellement plu qu'il m'a demandé s'il pourrait prendre une licence FFA et signer à mon club.
Je lui avais présenté Michel Villeton, Rosa, Dominique et Marielle Garde. Des bons sportifs et qui venaient discuter avec lui. Ça lui a plu.
J'ai dit OK, pas de problème. Tu peux progresser mais tu as un facteur limitant.
- Ah ! Bon. C'est quoi ?
- C'est moi.
Pour l'instant j'ai encore 15 à 20 secondes de marge. Mais en fait j'en ai bien besoin. Parce que ça mange énormément d'énergie. Il faut courir et toujours faire attention où il est positionné. Qu'il ne parte pas trop du côté de la lice. Et je lui parle en plus par moments.
2'54" au 800 mètres, ça fait quand même souffler pour parler un peu.
Avoir la même foulée
Vous êtes reliés comment ?
On a un lien, mais en fait, le lien ne sert pas à grand-chose. Le lien sert quand Julien s'écarte trop, le lien se tend. Donc, il s'aperçoit qu'il faut revenir vers moi. Sinon, il me sent à côté de lui. Où c'est le plus chaud, c'est sur la piste de 200 mètres, avec les virages très resserrés. En fait il vient s'appuyer sur mon épaule. Donc, il faut faire hyper-attention, avoir la même foulée pour ne pas tomber. Il y a beaucoup de travail de synchronisation. On a beaucoup progressé mais on a encore du travail.
C'est exactement la même chose
On va travailler sur des lignes droites, essayer de bien travailler la synchronisation parce que… les jambes ça va. Mais le bras où on a le lien ne bouge pas assez. On a le bras un peu raide. Il faut qu'on arrive à travailler ça.
Entre athlètes, il y a beaucoup d'entente, souvent de fraternité malgré une certaine adversité, après la course on est plutôt confrères. Et pour vous…
Photo de présentation Le Progrès/Margaux Deygas
Ci-dessous, article publié dans le 7 avril 2019
Non-voyant, Julien a trouvé des guides pour courir grâce à Facebook
Julien Degoutte, non-voyant, s’est mis à la course à pied il y a cinq ans. Face à la difficulté de trouver un guide, il a passé un appel via les réseaux sociaux.
Quand on rencontre Julien, c’est sa joie de vivre et son contact facile avec les gens qui interpellent. Pourtant, la vie n’a pas été facile avec lui. En 2002, après une tentative de suicide, il se retrouve non-voyant. S’il en parle sans pudeur aujourd’hui, cela n’a pas toujours été aisé.
J’ai mis un peu de temps. Il a fallu me reconstruire mentalement.
Quand j’ai perdu la vue, ça ne m’est même pas venu à l’esprit que je pouvais encore courir...
Finalement, petit à petit, cet adepte de sport est revenu à sa passion.
J’ai toujours fait du sport : du foot en club, du VTT, de la course à pied. Quand j’ai perdu la vue, ça ne m’est même pas venu à l’esprit que je pouvais encore courir.
C’est par hasard, qu’un jour, il y a cinq ans, il demande à l’un de ses amis de le guider sur la piste d’athlétisme d’Andrézieux.
Julien y prend goût et ses proches se relaient pour le guider. Pour courir, il utilise une simple corde. Lui et son guide la passent chacun au poignet.
«C’est très simple, explique-t-il, une fois que l’on court, on est coordonnés et on n'y pense plus. »
Julien insiste sur la relation de confiance qui doit s’établir.
« Il faut que la personne fasse un minimum attention à moi ; cela m’est déjà arrivé de tomber ! »
Pour continuer de pratiquer régulièrement, Julien a essayé de s’inscrire en club. Une expérience mitigée. Finalement, las de devoir demander dans des clubs, un ami lui propose de lancer un appel sur Facebook. Plus d'un millier de partages plus tard, certains internautes répondent présent.
« Ça a super bien marché ! Mon numéro de téléphone a été donné à 10 personnes, 3 m’ont appelé », se réjouit Julien. Il souhaite désormais courir trois jours par semaine, grâce à un grand nombre de guides.
« Je n’aime pas obliger les gens. Je veux qu’ils le fassent quand ils le veulent. »
Alparslan,
21 ans, a rencontré Julien suite à l’appel lancé sur Facebook.
C’est une collègue du volley qui m’en a parlé. On a couru une première fois ensemble quelques jours après. Guider quelqu’un c’est moins compliqué que ce que je pensais ; c’est une super expérience ! Pour notre première course, on a couru 6 kilomètres à une très bonne allure. Avec le temps, on va s’améliorer. On fera peut-être une course ensemble un jour.
Escalade, marathon, triathlon... des challenges plein la tête
En plus de la course, Julien pratique la natation en handisport. Depuis septembre, il s’essaye également à l’escalade.
Je ne savais même pas qu’un aveugle pouvait faire ça !
Côté running, il participe à des courses officielles pour
montrer que même avec un
handicap on peut le faire.
Son but ultime : courir un marathon, et le finir ! , rigole-t-il.
Pourquoi pas ensuite essayer le triathlon ? À 39 ans, Julien a des challenges plein la tête et n’est pas prêt à raccrocher les baskets !
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