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Une grande dalle granitique invisible il y a 2 ans
Esteban Teyssier dirige un chantier de fouilles sur le site du château vieux. Site qu'il a identifié et dont il est officiellement reconnu comme le découvreur.
Le château vieux a précédé de plusieurs siècles celui dit des évêques que nous utilisons encore actuellement. Depuis 300 ans les historiens monistroliens recherchaient l'emplacement de ce château disparu dans la nuit des temps.
Esteban l'a trouvé. Le jeune archéologue ouvre les portes de " son château " aux visiteurs du site de l'ACS Monistrol.
En zone supérieure on a une partie probablement creusée à
l'époque protohistorique au niveau de la roche, puis totalement comblée par du
remblais constitué de morceaux de céramique protohistoriques et de morceaux de céramique médiévaux. Donc
il y a eu un brassage à cet endroit là, probablement dû à l'Homme qui a creusé à
un endroit puis qui a remblayé.
Les négatifs d'une structure en bois
Le problème étant qu'en contrebas de cette structure protohistorique on retrouve des niveaux d'occupation médiévale avec un sol qualifié de "induré", c'est-à-dire que la surface est extrêmement compacte à force d'avoir été piétinée. Elle a une couleur différente. À l'intérieur même de cette couche, on retrouve des structures en trous de poteaux, c'est-à-dire des négatifs d'une structure en bois qui a disparu. Sur le niveau de sol on retrouve beaucoup de céramiques médiévales, ce qui permet d'attester que nous sommes sur des niveaux médiévaux.
Une inversion totale...
Néanmoins, en surface on a tendance à récolter aussi de
la céramique protohistorique. On a donc là une inversion totale de la
stratigraphie, ce qui est totalement anormal puisque les niveaux médiévaux
devraient se trouver en partie sommitale ainsi que les niveaux protohistoriques
qui devraient se situer juste en dessous. Le fait d'avoir de la céramique
protohistorique sur les niveaux les plus hauts peut être dû à un glissement de
terrain puisque nous sommes en bord de falaise et que l'érosion du sol a
peut-être pu faire glisser une couche qui se trouvait un peu plus haut sur le
site et qui a rempli les niveaux médiévaux qui se trouvaient en contrebas.
Le paysage a changé
Aujourd'hui, quand on regarde sur l'autre rive de la Loire, du côté de Rochebaron par exemple, le terrain est recouvert d'arbres. Il faut imaginer qu'à l'époque on n'a pas de végétation ou très très peu. Avec de l'occupation humaine on a probablement de l'aménagement pour l'agriculture type petites terrasses agricoles, avec sans doute élevage type chèvres ou autres pour paître aux abords de l'édifice.
Des pictogrammes et une partie taillée
Sur le rocher on découvre 5 petites cupules qui visiblement ne sont pas naturelles. Nous nous retrouvons sur une grande dalle granitique qui il y a encore deux ans était totalement invisible puisque recouverte de végétation et qui a été totalement décapée lors des prospections de 2017.
Sur ce travail on a une dalle de granit qui se divise en deux parties :
Une partie marquée par des pictogrammes et une autre partie totalement taillée, on retrouve toutes les traces d'outils pour y installer un bâtiment et donc créer de l'aménagement.
Une partie de la dalle granitique marquée par des pictogrammes
Là nous nous trouvons sur une partie de la dalle granitique marquée par des pictogrammes. On retrouve cinq cupules alignées qui ont presque une forme de croix. Le problème des cupules c'est qu'aujourd'hui dans l'archéologie on ne sait absolument pas ce que ça peut bien être.
Ce que l'on sait c'est que les cupules sont associées aux
périodes protohistoriques. Cela collerait finalement avec l'occupation du
territoire pour des périodes beaucoup plus anciennes. Mais, les archéologues,
quand ils sont dans l'incapacité d'expliquer un fait archéologique ont très
souvent tendance à l'associer à du cultuel. Donc pourquoi pas ? Les cupules
pourraient peut-être avoir un rapport avec du cultuel, donc la religion
païenne. C'est une question à poser mais pour laquelle on n'aura absolument pas
de réponse concrète.
Une croix taillée auprès de cupules
Ce qui est à noter, c'est qu'à 50 centimètres des cupules
on retrouve une croix taillée avec sa traverse très visible, des empattements
de chaque côté. Donc il y a une proximité directe avec les cupules. Cette
question est assez intéressante à soulever puisque à l'époque protohistorique
c'est une religion païenne tandis qu'à l'époque d'installation médiévale nous
sommes probablement dans une période avec des chrétiens. La présence d'une
croix taillée pourrait justement être le symbole d'une récupération des lieux
par une population chrétienne dont l'objectif est de marquer une superposition
des cultes. Car à l'époque médiévale, s'installer sur un site païen n'est
absolument pas quelque chose de négatif, bien au contraire, si le site a été
occupé depuis de nombreux siècles et notamment une occupation très ancienne,
cela confère pour les nouveaux habitants, une forme d'aura, quelque chose
d'assez mystique qui les invite à s'y installer.
Dans l'ordre de la pensée
Ils ont quand même besoin de marquer leur présence, de réimplanter leur culte, ce qui expliquerait pourquoi ils ont taillé cette croix.
Il faut prendre cette explication comme une simple hypothèse puisqu'elle n'est absolument pas vérifiable, tant dans les sources documentaires qu'archéologiquement. Cette hypothèse semble plausible quand on s'intéresse à la mentalité des hommes de l'époque mais on reste sur quelque chose de l'ordre de la pensée.
Ici la 2ème partie de la dalle granitique où se trouvent
aussi les pictogrammes évoqués précédemment. L'ensemble de la dalle est
totalement taillé et aménagé pour y installer des bâtiments. On a même une
" banquette " taillée pour pouvoir y implanter un plancher. En suite
de ce plancher, on a des structures en trous de poteaux qui laissent supposer
qu'on a de la construction, de l'aménagement. On a vraiment une structure
établie et construite jusqu'ici.
* Les passionnés de l'histoire du château pourront lire un article d'Esteban dans Les chroniques Monistroliennes n°47 de 2017 pages 7 à 11.
Ils pourront aussi consulter le n°40 des Chroniques monistroliennes intitulé " Tout sur le château " contenant une série d'articles de Philippe Moret.
MERCI À ESTEBAN POUR SON ENGAGEMENT AU SERVICE DU PATRIMOINE MONISTROLIEN ET POUR SA DISPONIBILITÉ DANS LE BUT DE VULGARISER DES CONNAISSANCES DE SPÉCIALISTES PAR LE BIAIS DE CET ENTRETIEN ET DES VISITES COMMENTÉES SUR LE SITE DU CHÂTEAU VIEUX.
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